Le plomb est un métal lourd. Il s’agit de l’état stable, non radioactif, de l’uranium.

Contrairement à de nombreux autres métaux qui ont un rôle dans le fonctionnement normal de l’organisme humain, que ce soit en quantité importante (calcium par exemple) ou à l’état de traces (oligoéléments comme le zinc…), le plomb n’a aucun rôle connu chez l’homme.

De ce fait, toute présence de plomb chez un être humain témoigne d’une contamination d’origine environnementale.

La toxicité chronique du plomb chez l’homme a deux caractéristiques importantes :

– il n’existe pas de seuil

c’est-à-dire que, pour chacun des différentes effets toxiques décrits par ailleurs, il n’est pas possible de définir un taux de plomb en-deça duquel il n’y aurait aucun effet et au-delà duquel la toxicité apparaitrait.

En fait, il est vraisemblable que ces effets délétères existent dès le début d’une contamination, ces effets devenant de plus en plus observables, mesurables et fréquents à mesure que la contamination augmente.

– la toxicité est cumulative

En raison de la fixation osseuse prépondérante du plomb et de son élimination très lente, il existe un effet cumulatif sur des années, d’où l’importance de suivre au long cours les enfants ayant des taux de plomb sanguin relativement modestes lors d’un dépistage.


Mécanismes de l’action toxique

Les principaux mécanismes par lesquels le plomb contaminant un organisme entraîne des effets néfastes sont :

– des perturbations enzymatiques

Le plomb se lie de façon réversible avec les groupements thiol ce qui modifie les propriétés de diverses protéines cytosoliques et membranaires.

Il perturbe plusieurs enzymes intervenant dans la biosynthèse de l’hème dont :

  • l’acide aminolévulinique déshydratase (ALAD) : son inhibition entraîne une augmentation de l’excrétion urinaire d’acide aminolévulinique (ALA).
  • la ferrochélatase : son inhibition entraîne l’accumulation de protoporphyrine érythrocytaire libre.

et entraîne un déficit de synthèse de l’hème et donc de l’hémoglobine, d’où l’anémie.

Le plomb perturbe aussi divers processus cellulaires tels l’activité respiratoire mitochondriale et le métabolisme oxydatif.

– une compétition avec le calcium

Le plomb libre ionisé perturbe les échanges et équilibres calciques, et s’insère à la place du calcium dans les mécanismes de synthèse et de résorption osseuses. Il perturbe plusieurs systèmes de transport membranaire comme les pompes ioniques (ATPase Na+ / K+) et certains canaux calciques.

Indirectement, le plomb perturbe les réactions intracellulaires dépendant du calcium.

– les acides nucléiques

Il existe une action génotoxique, vraisemblablement médiée en partie par sa capacité à augmenter et à moduler la production de radicaux libres et par son interaction avec les protéines chargées de la réparation de l’ADN.


Types d’effets toxiques

Les perturbations métaboliques citées ci-dessus entraînent deux types d’effets toxiques :

– certains réversibles

La perturbation induite disparaît avec la diminution de l’intoxication : anémie, troubles digestifs.

– d’autres sont irréversibles

tels les effets sur le développement neuropsychologique.